Le LabEx DRIIHM et le Réseau des OHMs
Un Observatoire Hommes-Milieux (OHM) est un outil d'étude des socio-écosystèmes anthropisés, conçu pour répondre à leur complexité par la mise en œuvre d'une démarche globale d'étude en associant les sciences de l'environnement et en créant les dynamiques pour la mise en place de l'interdisciplinarité nécessaire pour y parvenir. Pour cela chaque OHM s'organise autour d'un objet focal – qui sera étudié par toutes les sciences de l'environnement – qu'un événement fondateur est venu bouleverser profondément (ex : un bassin minier – objet – et l'arrêt de l'exploitation – événement fondateur).
Lauréat de la deuxième vague de l'appel à projet Laboratoire d'Excellence (LabEx) dans le cadre du programme « Investissements d'avenir », le LabEx DRIIHM, Dispositif de Recherche Interdisciplinaire sur les Interactions Hommes-Milieux, regroupe les Observatoires Hommes-Milieux (OHM, au nombre de 131), outils créés par le CNRS-INEE en 2007. Ce LabEx mis en place initialement pour 8 ans (février 2012 - décembre 2019) avec une dotation de 6,5 Millions d'Euros vient d'être renouvelé pour une période de 5 ans (jusqu'à fin 2024).
Les 13 OHM existant à ce jour sont : Bassin Minier de Provence, Oyapock (Guyane française), Estarreja (Portugal), Tessékéré (Sénégal), Pyrénées-Haut Vicdessos, Vallée du Rhône, Littoral Méditerranéen, Nunavik (Canada), Pays de Bitche, Pima County (USA), Littoral Caraïbe (Guadeloupe),Patagonia-Bahia Exploradores (Chili) et Fessenheim.
L'OHM Fessenheim
La fermeture annoncée de l’exploitation du CNPE Fessenheim répond à un débat politique national, voire international sur la place du nucléaire et l’énergie. Elle aura des répercutions socio-économiques majeures en Alsace centrale, et devra répondre à des défis environnementaux d’ampleur pendant la phase de démantèlement.
La localisation de ce socio-écosystème, aux frontières de l’Allemagne et de la Suisse, dans une région fortement industrialisée en bordure du Rhin, en fait un objet d’étude unique, complet du point de vue socio-environnemental, emblématique par les logiques énergétiques et leurs transitions en cours, et complexe par les aspects européens et internationaux qu’il implique de facto dans sa compréhension.
Les thématiques clefs de l'OHM Fessenheim créé en 2018 concernent ainsi les questions :
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- de l’énergie nucléaire et des énergies de remplacement, dans un contexte de transition énergétique et écologique,
- de l’impact social, sociétal et urbain de la fermeture sur le territoire,
- et des modifications environnementales déclenchées par la l’arrêt de la production et le démantèlement.
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L'OHMi Patagonia-Bahia Exploradores
A environ 300 km au sud de la ville de Coyhaique, la station Bahia Exploradores est située à l’embouchure du fleuve Exploradores et des fjords du Pacifique à l’écart de toute implantation urbaine : le premier village de Puerto Rio Tranquilo est installé sur les rives du lac General Carrera, 80 km à l'est. La zone, montagnarde et principalement recouverte de forêts patagones à Notofagus supposées vierges et de lacs, est localisée en zone périglaciaire et soumise aux doubles influences du Campo Hielo Norte (deuxième glacier continental de l’hémisphère sud) et du Pacifique sud. L’ensemble de ces caractéristiques font de ce secteur un territoire d’exception, tant au niveau environnemental, qu’au niveau des menaces qui le concernent en raison du changement climatique actuel. C’est à ce titre que l’ensemble de la zone est l’objet de mesures de protections marquées par la présence de plusieurs parcs nationaux (Parc de la Laguna San Rafael, Réserve de Biosphère).
Les objectifs et les perspectives scientifiques de l’observatoire qui s'est développé depuis 2009 de manière autonome autour de la station de recherche « Bahia Exploradores », visent :
- d’une part à l’acquisition de connaissances sur la zone de Bahia Exploradores et de son aire d’influence
- et d’autre part à contribuer à l’aide à la décision en matière de conservation et de développement durable dans un contexte de mutation territoriale en articulation étroite avec les acteurs institutionnels nationaux et le tissu socio-économique local (industrie, tourisme, éleveurs), dans le cadre d’une démarche intégrée.
L'OHMi veillera à alimenter une planification à long terme permettant de coordonner et développer une exploitation durable de la zone capable d'intégrer les acteurs à différentes échelles d'analyses : Université-Etat-privé, du local au global. Cette approche propose d’encourager les projets de recherche, la conservation, l'éducation à l’environnement ainsi que la production et la pérennisation des connaissances.
L'OHM Bassin Minier de Provence
L’ancien bassin charbonnier de Provence, également appelé bassin minier de Gardanne, constitue le territoire d’étude de cet Observatoire.
Situé dans l’est du département des Bouches-du-Rhône, entre Marseille et Aix-en-Provence, il concerne dix-sept communes rassemblant un peu plus de 100 000 habitants. Durant près de deux siècles, l’unité de cet espace s’est forgée autour de l’exploitation du lignite et de l’industrialisation induite par la mine. Encadré au nord par le massif de la Sainte-Victoire et au sud par la chaîne de l’Étoile ainsi que par la montagne du Régagnas, paysages emblématiques de la Provence, cet espace est caractéristique des dynamiques périurbaines et industrielles en zone méditerranéenne. Ces dynamiques, souvent contradictoires, ont été particulièrement influencées par l’arrêt définitif de l’exploitation minière au début des années 2000.
L'OHM Littoral méditerranéen
L’observation et la recherche menées dans le cadre de cet OHM concernent le littoral méditerranéen de la France, étudié à travers trois sites composant un large gradient d’urbanisation et de pression anthropique. Du plus urbanisé au moins soumis aux pressions humaines, ces sites sont : l’agglomération marseillaise au sens large, depuis les bassins portuaires de Fos-sur-Mer à l’Ouest jusqu’à La Ciotat à l’Est ; le golfe d’Aigues-Mortes, de Sète au Grau du Roi, y compris les lagunes littorales et les bassins versants associés ; les rivages de Balagne et de la périphérie sud de Bastia, en Haute-Corse. Les espaces et milieux étudiés correspondent à l’interface entre les domaines marin et terrestre, c’est-à-dire le rivage mais également les zones terrestres et marines qui s’influencent mutuellement de part et d’autre du trait de côte, tant sur les plans écologiques, hydrologiques ou sociétaux.
Site de l'OHM Littoral méditerranéen
L'OHM Pyrénées - haut Vicdessos
Nous considérons la montagne comme un système spatial favorisant les démarches interdisciplinaires.
D’une part, elle offre une facilité de lecture et d’analyse des interactions société-environnement, tant au niveau des changements globaux (climat) que locaux (dynamiques socio-économiques, politiques publiques).
D’autre part elle pose le défi de l’intégration des temporalités diverses de la nature et des sociétés, défi à la fois épistémologique et méthodologique d’autant plus grand que l’on veut conjuguer sciences de la nature et sciences sociales.
Dans cet objectif, les Pyrénées ont l’avantage d’avoir été historiquement le lieu d’élaboration de divers modèles scientifiques de référence (géologie, phyto-géographie), mais aussi d’avoir dans les dernières décennies servi de laboratoire interdisciplinaire pour de nombreux programmes portant sur l’histoire et les dynamiques environnementales.
Site de l'OHM Pyrénées - haut Vicdessos
L'OHMi Téssékéré
Situé dans le Ferlo, région du nord du Sénégal, le territoire étudié par l’OHM.I Tessékéré est caractéristique du Sahel africain. Cette vaste zone de transition bioclimatique, entre le domaine saharien au nord et les savanes soudaniennes au sud, est caractéristique des crises écologiques et humaines consécutives aux épisodes de sécheresse qui touchent l’Afrique depuis plusieurs décennies.
La région concernée par l’Observatoire présente tous les traits propres au Sahel (déficit pluviométrique, pression anthropique sur le milieu, modification des grands équilibres écologiques) et la particularité d’être au cœur d’un très important programme panafricain de développement et de reforestation, appelé Grande Muraille verte.
L'OHMi Nunavik
L’Observatoire Hommes-Milieux International Nunavik a été créé en 2012, sous l’égide commune de ses organismes de tutelle : l’Institut Écologie et Environnement du CNRS, le Centre des Études Nordiques et l’Association Régionale du Kativik.
Kangiqsujuaq est une des 14 communautés Inuit du Nunavik située au nord du Québec dans un site exceptionnel, à 10 km du détroit d’Hudson (Nuvummiut Imarppinga), recouverte d’une zone de toundra herbacée en pergélisol continu, dans une région très riche en minerais.
Kangiqsujuaq réunit 725 habitants dont 41% ont moins de 20 ans. Une partie de la population travaille dans une des plus grandes mines de Nickel au Canada, la mine Raglan Xstrata située à 90 km et dans la mine de Canadian Royalties. C’est aussi la porte d’entrée principale du Parc national des Pingualuit, le célèbre lac aux eaux bleutées et exceptionnellement pures formé par un impact météorique. C’est une communauté en plein développement (nouvelles infrastructures communautaires, sportives, touristiques, nouvelles petites entreprises). Elle a été choisie par l’Administration Régionale de Kativik comme lieu d’implantation de l’OHMI et servira de lieu d’expérimentation pour les autres communautés du Nunavik.
L'OHM Pays de Bitche
Situé au Nord-est du département de la Moselle, le Pays de Bitche est un espace rural enclavé et frontalier bordé au Nord par la frontière allemande (Rhénanie-Palatinat) et au Sud par le département du Bas-Rhin. Le territoire compte un peu moins de 35 000 habitants pour 46 communes. Structuré depuis plusieurs siècles par une forte présence militaire, le retrait progressif de l’armée a eu pour effet de transformer le territoire en profondeur depuis une vingtaine d’années.
Le Pays de Bitche apparait ainsi comme un territoire traversant de profondes mutations sous l’effet d’une déprise généralisée (industrielle, ferroviaire, agricole...) dont les dynamiques nécessitent d’être étudiées à l’articulation des phénomènes sociaux et des écosystèmes.
L'OHM Vallée du Rhône
L’emprise géographique de l’OHM Vallée du Rhône correspond à l’axe fluvial du Léman à la Méditerranée, au fleuve lui-même, à ses milieux aquatiques annexes et aux zones riveraines, inondables pour certaines. Les territoires étudiés sont ainsi soumis à l’influence de nombreux aménagements présents sur tout le cours du fleuve. Ceux-ci résultent de deux périodes clés : la construction de la voie navigable (1840-1910) et la mise en place des équipements hydro-électriques (1948-1986). Ils ont conditionné l’évolution des paysages contemporains et la répartition des activités humaines. Un type particulier de paysage caractérisé par un Rhône « court-circuité », un canal et tous les ouvrages associés, se répète ainsi comme un motif territorial au niveau de chaque aménagement hydro-électrique permettant des comparaisons géographiques inédites et la mise en lumière des causalités de changement.
L'OHMi Pima County
L’élément fondateur de l’OHM Pima County. Les réserves minières, estimées à 2,7 Bt de cuivre, ce qui représente plus de 10% de la production étasunienne, devraient être exploitées avec de "nouvelles techniques environnementales" de traitement et de recyclage de l’eau. Une approche comparative sera effectuée avec différents sites miniers de cette même région afin d’analyser :
- les effets écologiques sur les eaux souterraines, la biodiversité, l’usage de sols, la qualité de l’air, etc.
- l’impact sanitaire, économique et social sur les populations voisines (communautés résidentielles, périphéries urbaines en expansion, réserves indiennes).
L’objectif étant d’éclairer les interactions et leurs dynamiques au coeur des systèmes socio-écologiques et socio-économiques constitués sur l’objet de recherche.
L'OHM Littoral Caraïbe
La Guadeloupe est un archipel constitué de deux îles principales séparées par un étroit bras de mer associé à plusieurs terres voisines, Marie-Galante, l'archipel des Saintes et La Désirade. Cette Région Ultrapériphérique Européenne (RUP) fait partie de l’un des « hotspots » mondiaux de la biodiversité avec un taux d’endémisme important et des écosystèmes riches et variés (récifs coralliens, mangroves et herbiers) qui sont particulièrement sensibles aux pressions anthropiques. Ce territoire antillais qui présente une incroyable richesse culturelle, historique et patrimoniale est aussi un haut lieu touristique.
Au sein d’un territoire insulaire, l’évolution d’infrastructures portuaires et de ses fonctions ouvre des réflexions sur les interactions ville-port et la mise en relation entre des espaces à anthropisation très différenciée. L’OHM cherche à analyser les manières dont la biodiversité est intégrée au système urbano-portuaire, à la permanence ou aux transformations des savoirs et pratiques locaux et aux dynamiques engendrées par la requalification des territoires guadeloupéens et à l’évolution de leurs usages. La recomposition des pratiques et activités littorales et la gestion des espaces sont des questions centrales. La perception des modifications de la façade maritime et l’implication des populations locales sont également des enjeux primordiaux. L’OHM vise aussi à observer et à analyser sur le long terme les transformations paysagères, les enjeux d’innovations socio-économiques et l’évolution des rapports entre acteurs et utilisateurs du littoral.
L'OHM Oyapock
L'Observatoire Hommes-Milieux Oyapock, créé par le CNRS en 2008, a pour projet le suivi de long-terme des relations Hommes-milieux dans la vallée de l’Oyapock, fleuve frontalier de la Guyane et du Brésil.
Sa mise en place est liée à la construction du pont qui relie les rives française et brésilienne du fleuve entre les communes de Saint-Georges de l’Oyapock, côté français, et Oiapoque, coté brésilien. Sa vocation est de comprendre les paramètres qui influent sur la population humaine et l’environnement en lien avec cet évènement, et d’aider ainsi à la prise de décision et l’action publique.
L’OHM Oyapock fait partie du Dispositif de recherche interdisciplinaire sur les Interactions Hommes-Milieux depuis sa création en 2012.